Du sel en Franche-Comté ? Aussi étonnant que cela puisse paraître, à Salins-les-Bains, des hommes ont puisé des tonnes de saumure des sous-sols franc-comtois pendant des milliers d’années. Lorsque le Comité régional de tourisme de Franche-Comté m’a proposé de découvrir la région sous cet angle-là, curieuse comme je suis, je n’ai pas hésité une seconde. Commençons par le commencement…
Salins-les-Bains, petite ville fortifiée du Jura, 3000 habitants. Bienvenue au cœur du patrimoine industriel de la région Franche-Comté. Dès le 18e siècle, Salins exploite du sel en utilisant les sources d’eau salée comme matière première. De l’or blanc à l’époque. Pour tout savoir sur le passé industriel de la ville, il faut d’abord se rendre à la Grande Saline et au Musée du sel – ce que j’ai fait.
Une visite guidée de la Grande Saline est la meilleure façon d’appréhender ce lieu historique. Pour accéder à la galerie souterraine où tout se passe, on emprunte un petit escalier en file indienne. Très vite, on atteint le sous-sol où l’histoire du sel va nous être contée.
La galerie souterraine monumentale que je découvre fait 170 m de long !
Ci-dessous, les anciens canaux médiévaux qui servaient à récupérer les eaux qui ruisselaient sur les parois lorsque les hommes remontaient les seaux d’eau salée. A l’époque, des mécanismes du 14ème siècle entraînés pas des chevaux, les norias, faisaient descendre des chapelets seaux dans la galerie qui pour ensuite remonter l’eau salée en surface.
Vestiges de cette exploitation, des galeries souterraines et un système de pompage hydraulique des 18e et 19e siècles témoignent des méthodes de puisage. Le bois a longtemps été utilisé en tant que combustible pour permettre l’évaporation des saumures, mais pour des raisons économiques, le charbon fut adopté au début du 19ème siècle. A Salins-les-Bains, le sel était donc obtenu, au terme d’un travail harassant, par évaporation artificielle, en chauffant la saumure.
On ressort, direction le Musée du Sel. Intégré à l’architecture de la Grande Saline, il permet de découvrir l’histoire du site et de l’exploitation du sel du Néolithique à nos jours. Témoignages inédits, commentaires sonores et une collection d’objets techniques aident à mieux comprendre la dimension millénaire de l’industrie salinière comtoise et le travail des sauniers. L’évolution des techniques, le manque de place, la conservation par le froid, auront raison de la Grande Saline de Salins qui cessera de produire du sel en 1962.
Dans l’ancienne salle des poêles de Salins-les-Bains, on a produit jusqu’à 5 tonnes de sel par jour. Température de la salle des poêles : 50 degrés. Taux d’humidité : 70%.
De 1720 à 1895, l’eau salée de Salins-les-Bains était acheminée à une vingtaine de kilomètres de là, jusqu’à la Saline Royale d’Arc-et-Senans, dans le Doubs, par une canalisation en bois appelée “saumoduc”. Aujourd’hui encore, à Salins, la saumure est pompée depuis un banc de sel gemme logé à 246 m de profondeur par un système hydraulique du 19e siècle. Tout ça pour produire du sel de déneigement – très utile en Franche-Comté !
La Grande Saline de Salins-les-Bains est inscrite depuis 2009 au patrimoine mondial de l’Unesco en extension de la Saline Royale d’Arc et Senans. Construite en forme d’arc de cercle de 1775 à 1779 par l’architecte visionnaire Ledoux, la Saline Royale abritait lieux d’habitation et de production, soit 11 bâtiments en tout. A ne pas manquer : l’espace consacré au travail de l’architecte Ledoux.
Petite sélection d’images de la Saline Royale :
Musée du Sel et Grande Saline de Salins-les-Bains : ouverts toute l’année sauf les 25 décembre et 1er janvier. Visites guidées toute l’année pour individuels (adulte: 7 €). En savoir plus
J’espère que cette découverte vous a plu. Si vous avez des anecdotes sur le sel en Franche-Comté, n’hésitez pas à les partager en bas de cet article !
Voilà une visite que j’ai faite il y a pas mal d’années. Merci de m’avoir rappelé tout cela.