Une fois n’est pas coutume, je prête mon clavier à l’homme qui partage ma vie (Xavier), pour qu’il vous raconte son dernier voyage. Xavier est parti une semaine au-delà du cercle polaire arctique, au Spitzberg, l’île principale de l’archipel du Svalbard en Norvège. Dans cet article, il nous transporte à un millier de kilomètres seulement du pôle Nord. Toutes les photos qui composent son récit ont été prises avec un smartphone.
Bienvenue sur cet archipel du bout du monde, royaume de l’ours polaire. Un endroit plutôt insolite je trouve pour passer une semaine de vacances.
Longyearbyen
Sur l’île de Spitzberg, il n’y a qu’une seule ville (ou presque). Une fois descendu de l’avion – qui a atterri un peu brutalement sur l’unique piste de l’aéroport -, j’ai pris la direction de Longyearbyen. Cette petite bourgade est encaissée entre deux montagnes au fond du fjord. La ville doit son nom à un Américain, John Munro Longyear, qui la fonda pour exploiter le charbon présent sur les lieux. Je monte à bord de l’unique car qui dessert tous les hôtels de la ville.
A peine arrivé à mon hôtel, je manque de ne pas respecter la règle locale : retirer ses chaussures à l’entrée ! Une petite salle leur est entièrement dédiée dans l’hôtel et les rangements à chaussures sont même chauffés. Ce sera donc en chaussettes que je déambulerai dans les couloirs de l’hôtel et en prenant mon petit-déjeuner. Cela fait bizarre au début mais on adopte rapidement cette petite habitude.
Le lendemain, les choses sérieuses commencent avec la visite de la ville à pied. Me voilà parti pour 2 heures par -1°C (température ressentie -5°C). Je m’étonne de voir autant de familles et de poussettes dehors par cette température mais ici c’est habituel. En prenant mes photos, je manque de perdre un doigt !
Puis direction le Musée du Svalbard dont je vous recommande la visite. Ce musée offre un bel aperçu de tous les aspects de l’île (explications en norvégien et en anglais), de la chasse à la baleine ou au morse telle qu’elle était pratiquée dans le temps, en passant par les mines, la faune ou le Global Seed Vault, projet international grâce auquel n’importe quel pays peut stocker des graines de plantes dans une sorte de grenier installé dans le flanc d’une montagne habituellement gelée. Le lieu ne se visite pas malheureusement.
Pyramiden et Barentsburg
Avant mon départ pour le Spitzberg, j’avais réservé une excursion d’une journée en bateau dans les fjords. Deux balades de ce type sont proposées depuis Longyearbyen, les deux sur le même modèle : visite guidée des villes russes de Pyramiden, abandonnée depuis 1998, ou de Barentsburg. J’ai fait les deux excursions avec 4h de bateau aller et 4h retour, incluant un arrêt au pied d’un glacier.
Une des particularités du Spitzberg est que la Russie a acheté des terres et construit Pyramiden et Barentsburg pour exploiter deux mines de charbon. Visiter ces cités, c’est replonger dans l’ère communiste, avec la statue de Lénine toujours en place et les slogans de l’ex-URSS sur les bâtiments.
Depuis le bateau, la vue est saisissante ! Entretemps, les touristes comme moi en avons pour notre argent : l’équipage récupère de la glace directement au pied du bateau puis nous distribue un « whisky on the rocks ». Les touristes, majoritairement norvégiens, adorent. Malheureusement, je n’ai pas vu d’ours blanc lors de ces deux excursions, bien qu’un passager ait aperçu « un point blanc » au loin… Je me suis consolé en observant de nombreux rennes, au loin, dans mes jumelles.
Différences entre Pyramiden et Barentsburg
J’ai préféré Pyramiden à Barentsburg car la première est une ville-fantôme où l’on peut encore observer des traces de la présence humaine. Ici, les habitants ont pour ainsi dire quitté les lieux du jour au lendemain lorsque la mine n’a plus produit suffisamment, laissant derrière eux des affiches aux murs, des ballons gisant sur le sol du gymnase, le piano dans la salle de spectacles…
La visite de Pyramiden ne dure que 2 heures et elle est réalisée au pas de course. Un peu frustrant. Au format trop court s’ajoute le fait qu’il faille « rester groupés » autour de notre guide armé pour éviter de se retrouver en panique nez à nez avec un ours blanc. C’est différent à Barentsburg où, cette fois, j’ai eu 20 minutes en fin de visite pour me promener seul dans la ville.
L’avant dernier jour, j’ai souhaité faire quelque chose de différent (et j’en avais un peu marre de ma carrière de marin, où les 16 heures de bateau en 3 jours m’ont valu quelques nausées…). J’ai donc choisi de me mettre dans la peau d’un mineur de fond en participant à une visite guidée de la mine n°3, à Longyearbyen. La ville compte 9 mines, dont celle-ci abandonnée depuis 1996. Je vous donne les informations pratiques en fin d’article. Arrivé sur place, j’enfile la combinaison, le casque, la lampe torche et les gants, et c’est parti pour une plongée dans les entrailles de la montagne ! Par contre, ici, on garde sa polaire et son manteau sous la combi, car il ne fait que -1°C à l’intérieur de la mine…
Avant le départ, le guide nous fait signer une décharge et nous demande si l’on n’est pas claustrophobe. Je comprends vite pourquoi. A l’intérieur de la mine, c’est sombre, il fait froid… Je fais bien attention à ne pas rester trop éloigné de mon groupe car nous sommes absolument seuls ici ! Puis arrive le point d’orgue de la visite : devant moi, un tunnel d’une dizaine de mètres de long et de 1 mètre de haut environ. A l’intérieur, on peut s’amuser à ramper pour ressentir les conditions de travail extrêmement difficiles des ouvriers à l’époque. J’hésite, puis finalement me dis que je n’ai pas fait tous ces kilomètres pour ne pas vivre cette expérience insolite. J’enfile les genouillères prêtées pour l’occasion et je m’enfonce dans le tunnel.
L’atmosphère est assez oppressante. Impossible de se retourner ni de faire marche arrière. Mon casque ne tient pas en place, je perds ma lampe torche, mais j’arrive au bout ! Une sacrée expérience. Une visite que je ne regrette absolument pas. A envisager lorsque le mauvais temps rend impossible les activités en extérieur.
J’ai adoré ce voyage au Svalbard, totalement dépaysant, un vrai coup de coeur. Le hasard fait que je ne suis pas parti pendant la meilleure saison : l’été (pour le soleil de minuit) ou l’hiver – à partir de février, pour admirer les aurores boréales et faire des balades en motoneige ou en chiens de traîneaux. Cet archipel n’est pas très connu par chez nous, mais si vous aimez les destinations nordiques voire polaires, vous ne serez pas déçus du voyage.
Pour compléter mon article, voici le reportage « Spitzberg, l’ultime frontière » diffusé récemment dans l’émission Thalassa :
Climat
Vous êtes du genre frileux ? Pas de panique, le climat au Spitzberg est subpolaire le long de la côte ouest par l’effet du Gulf Stream, et polaire sur la côte est. En hiver, la glace polaire atteint généralement les côtes N et E des îles. Donc à Longyearbyen et dans les colonies soviétiques, on ne verra pas d’ours se balader sur la banquise. Le climat est plutôt clément. Par contre, attention au vent. Il y en a quasiment toute l’année.
Où dormir ?
Svalbard Hotel & Lodge : un des derniers hôtels construits sur l’île (en 2011). Très bien situé en plein centre-ville. A noter : un bâtiment est situé de l’autre côté de la rue, obligeant à sortir à l’extérieur pour se rendre au petit-déjeuner ou à la réception. Je vous conseille de demander lors de la réservation où se situe la chambre souhaitée. Restaurant dans l’hôtel. Le plus : possibilité de réserver des activités à la réception.
Basecamp Hotel : également situé en plein centre-ville, il propose une atmosphère unique tout en bois imitant une maison de trappeur. Restaurant dans l’hôtel (voir plus bas).
Mary-Ann’s Poalrrig : un petit hôtel situé de l’autre côté de la rivière qui traverse la ville (à 10 min à pied du centre). On a le choix entre une chambre standard avec salle de bains/WC à partager ou une chambre avec salle de bains privative. Restaurant dans l’hôtel.
Restaurants
Kroa (dans le Basecamp Hotel) : décor de cabane de trappeur en bois avec peaux de phoque suspendues, prix un peu élevés mais très bonne qualité. On dîne assis sur des rondins de bois. Réservation conseillée le week-end.
Rabalder Café & Bakery. Dans le bâtiment de la bibliothèque, ce café cosy propose des sandwiches, des salades et de bons petits gâteaux. Les petits plus : le pain fait maison et le wifi gratuit.
Comment se rendre au Spitzberg
Vols Paris – Oslo – Longyearbyen avec SAS ou Norwegian (pas de repas gratuit à bord).
A noter : certains vols Oslo – Longyearbyen opérés par la compagnie SAS font une escale de 40 minutes à Tromsø. Il faut descendre de l’avion pour remonter dedans ensuite…
Visite de la mine n°3 : réservation sur le site visitsvalbard.com. On réserve le créneau souhaité parmi les deux proposés chaque jour et on paye en ligne.
Et vous, cela vous tenterait un voyage dans l’archipel du Svalbard ?
On se rend au Cerle Polaire afin d’admirer la beauté des aurores boréales, se familiariser avec la vie des locaux loin des capitales, pour le dépaysement et la splendeur de la nature.
Concernant le cercle polaire russe, je vous recommande la ville de Mourmansk. La période propice pour s’y rendre est l’hiver, lorsque la ville est couverte de neige.Mais je ne recommande pas la période de la nuit polaire du 2 décembre au 11 janvier. Malgré la rigueur de ses hivers, la température moyenne est de -10° C degrés en hiver. Même s’il arrive que la température puisse atteindre -30° C, cela ne dure qu’une courte moyenne. Bien que la ville ne dispose pas d’infrastructure à couper le souffle comme on le retrouve à Moscou ou Saint Pétersbourg, elle propose néanmoins des curiosités qui reflètent l’âme nordique, comme le premier brise-glace atomique au monde le «Lénine», le musée du peuple autochtone dédié au peuple Sami… on peut aussi apercevoir des cerfs et des visons, le jour polaire (du 25 mai au 22 juillet), des aurores boréales…
BONJOUR, À QUELLE PÉRIODE AVEZ-VOUS PRIS CES PHOTOS ? MERCI
Bonsoir, photos prises au moins d’octobre, avant la nuit polaire. Sabrina