A la rencontre des hippocampes en Algarve

J’ai profité de mes dernières vacances dans le sud du Portugal, en Algarve, pour me pencher sur la vie sauvage, l’un de mes principaux centres d’intérêt lorsque je voyage hors des villes. Une amie m’avait parlé de leur existence en Algarve il y a plusieurs mois et j’avais alors écarquillé les yeux. Poussée par ma curiosité, j’ai eu envie d’aller les observer de mes propres yeux, observer la fragilité de ces êtres vivants menacés de disparition. L’objet de mon intérêt, ce sont les hippocampes, ces curieux poissons en danger qui habitent dans la réserve naturelle de la Ria Formosa, à une trentaine de kilomètres de ma maison de famille.

Bon, vous le savez peut-être, on peut aussi observer des hippocampes en France (je vous en parle en fin de billet) mais aviez-vous pensé au sud du Portugal ? C’est parti pour une sortie snorkeling à la recherche des petits chevaux de mer  シ !

Cet après-midi là, comme chaque été, il fait chaud en Algarve. Environ 30°C. Parfois, il y a (très) peu de vent alors on file vers les plages pour se rafraîchir un peu. Ce jour-là, heureusement, une petite brise marine nous caresse les cheveux et le cou… Un bonheur ! Pour cette sortie un peu spéciale, j’ai réservé auprès de Passeios Ria Formosa qui réalise plusieurs activités au départ du petit port de pêche de Fuseta (1900 habitants) et de la ville d’Olhão, près de Faro. J’arrive à Fuseta une dizaine de minutes avant le départ du bateau, juste le temps de photographier les bateaux de pêche au repos, quelques pêcheurs occupés à réparer leurs outils de travail et les plagistes qui, sourire aux lèvres, embarquent et débarquent…

Notre guide-biologiste anglophone nous invite à prendre place dans le bateau à moteur aux cotés d’autres personnes – en majorité des touristes étrangers et quelques Portugais qui, eux, se rendent sur les plages. La sortie va durer deux heures.

Le bateau s’éloigne du port et prend la direction des îles barrière. Comme on le voit sur le plan en fin de billet, on trouve à cet endroit deux îles ou cordons de sable avec d’un côté, l’océan Atlantique, et de l’autre, la lagune d’eau salée. Un habitat de choix pour des dizaines d’espèces d’oiseaux, de poissons et de bivalves. En une dizaine de minutes à peine, nous y sommes. L’aventure va commencer sur la plage (ou île) de Barra Velha, où accoste notre bateau. A peine le temps de rêver en admirant cet écosystème de toute beauté que Tiago nous invite à rejoindre l’autre côté de l’île, autrement dit la rive de la lagune. Comme dans bien des endroits dans le parc de la Ria Formosa, on en prend plein les yeux.

Sur notre belle Planète, il existe une trentaine d’espèces d’hippocampes au total. C’est ici qu’habitent les deux espèces les plus communes en Europe – hippocampus hippocampus et hippocampus guttulatus. Les deux espèces qui peuplent les prairies marines de la Ria Formosa se plaisent particulièrement dans ce bassin lagunaire protégé des courants ou du ressac. Ces poissons se nourrissent de plancton, de larves et de minuscules crustacés grâce à leur museau en forme de pipette. Vous le savez aussi peut-être : ce qui rend ce poisson tellement insolite, c’est le fait que ce soit le mâle qui porte les œufs dans sa poche ventrale incubatrice.

© Dilar Pereira

Après l’introduction intéressante de Tiago, on se déshabille, on enfile masque et tuba puis on file explorer les eaux de la lagune à la recherche du poisson le plus curieux qui soit. L’eau est un peu fraîche (21° C par là) mais on a chaud. Premier constat : l’eau est très trouble. Il va falloir s’armer de patience pour apercevoir nos amis les hippocampes. Tiago nous regarde faire puis s’équipe à son tour pour l’exploration. Second constat : en Algarve, l’hippocampe évolue généralement entre la surface et 30 m de fond. Inutile peut-être de s’aventurer loin du bord… Je m’en rends compte lorsque notre guide nous invite à sortir de l’eau pour nous montrer « sa prise » : trois hippocampes à museau long (hippocampus guttulatus).

Grâce à sa queue préhensile, le poisson s’accroche aux algues et peut enlacer son partenaire en toute aisance シ. Il n’a pas d’écailles mais une peau tendue sur des plaques osseuses.  L’hippocampe nage lentement en agitant sa nageoire dorsale, se dirige avec ses nageoires pectorales et peut ramper sur le fond avec sa queue. Il peut mesurer jusqu’à 16 cm.

Et voici le poisson que j’ai trouvé avec l’aide de mon assistant-explorateur. Il s’agit d’un syngnathe (ou anguille de mer), une espèce rampante de la même famille que les hippocampes. Lorsque nous sommes tombés sur lui, il rampait justement dans le fond de la lagune. Sa tête possède un long museau et son corps, étroit et allongé, mesure jusqu’à 50 cm de long. Beau spécimen ! Évidemment, tout ce petit monde sera relâché une fois observé par toute la troupe.

Bilan des courses : personne n’a observé d’hippocampe. Sans doute parce qu’on s’est trop éloigné du bord, pensant les voir flotter à quelques centimètres de la surface. Qu’importe, on s’est amusés comme des enfants ! Je vous le disais plus haut, la survie de l’espèce est en danger. Plusieurs menaces pèsent sur ces poissons : pêche industrielle, disparition des coraux et de la mangrove, et commerce (aquariophilie par exemple). A notre niveau, nous pouvons au moins utiliser de la crème solaire bio lorsqu’on est dans l’eau.

En faisant quelques recherches sur les internets, j’ai découvert que les eaux du Bassin d’Arcachon abritaient l’une des plus importantes populations d’hippocampes d’Europe. Chouette, j’y vais régulièrement. Ce sera peut-être l’occasion de renouveler l’expérience. Vous pouvez aussi essayer d’en observer en France, dans l’étang de Thau (Hérault) et dans le lac d’Hossegor (Landes). Une activité idéale pour sensibiliser les plus jeunes à la nécessité de prendre soin de ces animaux menacés d’extinction par le changement climatique, la pêche et les bateaux de plaisance.

Y aller

  • Réserver auprès de Passeios Ria Formosa. L’observation des hippocampes est proposée toute l’année au départ de Fuseta ou Olhão. Compter 40 € par personne pour cette activité (masque et tubas fournis).
  • Prendre la route nationale N125 jusqu’au petit port de Fuseta ou d’Olhão (selon le point de départ choisi). Par l’autoroute A22, prendre la sortie Olhão ou Moncarapacho.
  • Si vous êtes équipés pour le snorkeling et que vous connaissez bien ces poissons, prenez simplement une navette jusqu’aux plages de Barra Nova & Velha.
  • Prévoir des chaussures adaptées car le fond de la lagune est couvert de coquilles et coquillages !
  • Appliquer de la crème solaire bio pour aider à la préservation de cet écosystème.

 

Retrouvez tous mes articles sur l’Algarve sur cette page. Bon voyage !

 

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10 Comments

  1. LadyMilonguera

    Chouette escapade… Perso, j’ai appris lors de mon dernier séjour à Lisbonne qu’un bac de dauphin avait élu domicile le long de la côte lisboete…

    1. Détours du monde

      Ah oui, on peut en voir à plusieurs endroits au Portugal. Je n’ai encore pas eu cette chance mais j’espère que ça viendra 🙂 !

  2. labouclevoyageuse
    labouclevoyageuse

    Oh top, ce sont des animaux qui m’ont toujours fasciné, j’irais essayé d’en observer un jour (et peut-être même au Portugal du coup!)

    1. Détours du monde

      Ouais j’espère que ce sera au Portugal car c’est une excellente excuse pour y aller ;).

  3. […] au Portugal ? Parce qu’il fait encore beau et chaud dans le sud du pays (en Algarve), après la rencontre avec les hippocampes, je vous emmène à la découverte d’un autre lieu très photogénique. Le joli village […]

  4. […] sud du pays. En été, je vous emmenais à la découverte d’un autre Algarve avec une sortie à la recherche des hippocampes, une balade dans ce village pittoresque et sur les plus belles plages de l’ouest. En octobre, […]

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  6. […] en bateau proposées par les compagnies Formosamar et Passeios Ria Formosa. J’avais testé l’observation d’hippocampes avec cette dernière agence en été, c’était vraiment cool […]

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